Le réchauffement augmente le risque de pluies extrêmes en montagne
Avec la hausse des températures, les épisodes de précipitations extrêmes deviennent encore plus probables en haute altitude, selon une étude publiée dans Nature.
Le réchauffement climatique influence la température comme les précipitations. Mais jusqu’à quel point ? Dans une étude publiée dans la revue Nature, des chercheurs américains désignent « les régions de haute altitude comme des “points chauds” particulièrement vulnérables face au risque futur de précipitations extrêmes ».
Les scientifiques s’attendent déjà à ce que le changement climatique augmente le volume d’eau tombant lors d’événements extrêmes - qui se déroulent généralement sur plusieurs heures, voire une journée entière. Comme le rappelle en effet le climatologue Robert Vautard, nouveau coprésident d’un des groupes de travail du Giec, « il y a des lois physiques qu’on ne peut pas changer : chaque degré de plus peut augmenter la teneur en vapeur d’eau de l’atmosphère de 7 % », selon la formule de Clausius-Clapeyron. Eau qui retombe ensuite sous forme de précipitations.
« Nous savons déjà que davantage d’eau tombe sous forme de pluie plutôt que sous forme de neige en raison de la hausse des températures. Nous savons également que les précipitations extrêmes augmentent en raison du réchauffement climatique », résume l'auteur principal de la publication, Mohammed Ombadi, chercheur du Laboratoire Lawrence Berkeley . La moindre augmentation de la température de l'air transforme les chutes de neige en précipitations
« Dans cette étude (qui se concentre sur l’hémisphère Nord, hors tropiques, NDLR), nous constatons pour la première fois que ces deux mécanismes fonctionnent ensemble dans les régions montagneuses pour amplifier les précipitations extrêmes »
Inondations, glissements de terrain et érosion
Selon les résultats de l’étude, pour chaque degré supplémentaire, il faut s’attendre à une hausse moyenne de 15 % de l’intensité des précipitations à plus de 2000 mètres d’altitude. « Soit le double du taux attendu d’augmentation de la vapeur d’eau atmosphérique en basse altitude ». Ils s’appuient à la fois sur un ensemble de données provenant des observations climatiques réalisées entre 1950 et 2019 et sur des modélisations pour les années à venir, jusqu’en 2100. Cette tendance à la hausse se retrouve aussi bien dans les observations passées que dans les projections futures.
Certains massifs montagneux semblent encore plus vulnérables que d’autres, à l’instar de l’Himalaya, des chaînes de montagnes nord-américaines côté Pacifique (Cascades, Sierra Nevada…) et des massifs des hautes latitudes.
« Nous supposons que certaines montagnes sont plus à risque simplement parce que les précipitations extrêmes se produisent généralement juste au-dessous du point de congélation. Ainsi, la moindre augmentation de la température de l’air transforme les chutes de neige en précipitations », avance Lawrence Berkeley, qui cite également d’autres pistes, comme des changements dans la dynamique de l’atmosphère (vents, trajectoires des tempêtes, etc.), qui peuvent conduire à une amplification locale sur certains massifs.
Pascal Yiou, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE), relève toutefois que « les modèles utilisés dans l’étude ne possèdent pas les détails de relief nécessaires pour représenter ces précipitations très intenses ». « Si le papier est intéressant, il est difficile d’utiliser le résultat pour en déduire des effets pour la France, abonde Robert Vautard, qui n’a pas participé à l’étude. Les modèles utilisés ont une résolution suffisante pour les hauts plateaux du Tibet, par exemple, mais ils ne peuvent pas représenter correctement des montagnes comme les Alpes ou les Pyrénées, où les pentes sont très fortes, les surfaces trop petites. L’objet de l’étude était de montrer le phénomène dans sa globalité. »
Un quart de la population mondiale concerné
Les auteurs rappellent en tout cas que, contrairement aux chutes de neige, les précipitations déclenchent un ruissellement plus rapide et augmentent les risques d’inondation, de glissement de terrain et d’érosion des sols. « Ces risques peuvent endommager les infrastructures (barrages, voies ferrées, autoroutes, bâtiments) ainsi que les cultures et les terres agricoles », note Mohammed Ombadi, qui rappelle qu’un quart de la population mondiale vit dans les montagnes ou leurs contreforts. Dans le contexte actuel de sécheresses estivales, Robert Vautard ajoute enfin que « la neige qui tombe plutôt sous forme de pluie, ce sont des réserves d’eau en moins pour l’été ».
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