Intervention du maire à l'AG du 13 août 2024
Vous trouverez dans cette page le compte-rendu des propos d'Eric Fournier, maire de Chamonix et président de la Communauté de Communes, et Eve Darragon, présidente de l'ARVAC, au Majestic.
NUISANCES
Hélicoptères
Eve DARRAGON : Les résidents sont bien conscients que les travaux aux Grands-Montets nécessitent une utilisation accrue d’hélicoptères mais nous avons découvert que la CMBH n’est pas « dans les règles » puisque statutairement elle n’est pas autorisée à transporter des passagers payants, qu’elle ne respecte pas le plafond de trafic qui lui a été signifié, que les itinéraires empruntés ne respectent pas toujours les couloirs imposés entraînant des survols de terrains de jeux, d’écoles… Une réclamation par nos soins auprès du préfet est restée sans réponse, mais nous avons appris que la CMBH régularise progressivement son dossier auprès de la DGAC. Certes, en tant que maire, vous n’êtes pas consulté pour donner votre avis mais l’élu de proximité que vous êtes peut avoir une position politique sur le sujet, position que nous aimerions connaître. D’autant plus qu’une nouvelle entreprise de transport par hélicoptère, appartenant au groupe SAF, vient de s’installer aux Sablières de Taconnaz, en principe pour n’effectuer que des vols pour travaux. Mais la CMBH estime ne pouvoir équilibrer son exploitation qu’avec 1/3 de vols touristiques, ce qui peut laisser penser que ce sera identique pour la SAF… Pour notre part, nous ne sommes évidemment pas opposés aux vols de sécurité, sanitaires, et pour travaux quand cela est indispensable mais la multiplication des vols touristiques est anti-écologique et source de nuisances.
Éric FOURNIER : Soyez assurés que je ne suis pas partisan d’un développement d’activités de vols touristiques. Pour Chamonix proprement dit, j’ai discuté avec le responsable de la CMBH et il s’est engagé à commencer à réduire cette activité en supprimant les offres le dimanche, alors même qu’il a acquis un second hélicoptère qu’il ne pourra peut-être pas conserver.
Pour la communauté de communes, la compétence en la matière ne lui a pas été transférée. Et c’est donc la maire des Houches qui est concernée par l’installation de la SAF. Nous sommes d’accord pour que globalement le nombre des vols n’augmente pas et nous allons travailler dans cette perspective. Par ailleurs les nuisances proviennent aussi beaucoup au printemps du survol du massif par de petits avions de tourisme. La DGAC prétend qu’elle ne peut pas suivre ces avions car beaucoup ne seraient pas équipés de transpondeurs, ce dont je doute fort… J’estime que l’Etat doit améliorer sa réponse. Certes un décret récent devrait avoir favorisé la réduction sensible des « touch-and-go » très irritants mais les conditions météorologiques mauvaises du printemps ne nous ont pas permis de constater effectivement cette réduction. Je ne m’interdis pas de prendre un arrêté municipal si les désordres devaient se poursuivre.
E.D. : À notre connaissance la régularisation du dossier de la CMBH devait être soumise à enquête publique ; connaissez-vous la date de cette enquête ?
E.F. : Non ; je confirme qu’il doit y avoir enquête publique mais la CMBH dit ne pas avoir eu de réponse officielle à son dossier et donc ne pas connaître non plus cette date.
Plus généralement sur les questions de réglementation de l’espace aérien, je vous rappelle que les maires n’ont aucun pouvoir et c’est très regrettable. C’est en contradiction complète avec les exigences que l’État a vis-à-vis de l’espace terrestre où les contraintes environnementales sont de plus en plus fortes.
Campings-cars et parking sauvage
E.D. : Ces nuisances s’étendent, le terrain du Grépon est déjà saturé … que pensez-vous pouvoir faire ?
E.F. : Nous avons installé des pancartes supplémentaires, distribué des flyers, … Mais la loi ne nous autorise pas grand-chose, sauf à être appuyés par la gendarmerie et le procureur de la République. Et c’est le cas : nous avons mis en place depuis début août une nouvelle procédure de limitation à 24 h pour le stationnement des camping-cars, caravanes, voitures aménagées, etc, avec information sur les réseaux, pour lutter contre cet envahissement qui concerne tous les villages de la vallée, procédure inspirée de celle appliquée dans les communes du Sud de la France qui connaissent le même cas de figure que nous. La contravention est assortie d’une convocation pour aller s‘expliquer à la gendarmerie, ce qui est plus dissuasif qu’une simple amende. La communication se répand et nous espérons constater une nette amélioration à la saison prochaine.
Nous renforçons aussi la communication sur les endroits accessibles. Une nouvelle aire au Grépon est en cours d’achèvement, avec 80 emplacements supplémentaires de camping-cars.
Je constate surtout que l’irrespect devient la règle et nous oblige à être de plus en plus coercitif. Mais pour les camping-cars, la limite est atteinte et les dépassements ne seront pas tolérés !
Le problème est le même pour les bivouacs dans les réserves naturelles ; il y a 95 emplacements autorisés et pas un de plus. Si non respect, contravention !
Fréquentation touristique
E.F. : Je ne dirai pas qu’il n’y a pas de problème de fréquentation ; évidemment, rue Paccard ou rue Vallot, au Lac Blanc et dans quelques autres sites, l’été c’est flagrant ! Mais il n’y a pas que ces endroits-là où aller à cette saison pour profiter de la vallée et vous qui connaissez bien la vallée vous savez bien où aller pour être au calme ! Le vrai problème vient des excursionnistes.
Depuis que je suis maire, je n’ai pas autorisé de créations de nouveaux lits touristiques. Ceux qui sont apparus proviennent de phénomènes de débordement ou sociologiques : le nombre de biens mis en location sur Le Bon Coin, Abritel, AirBn’B est absolument sidérant. En accord avec les autres maires, nous avons obtenu qu’une loi nous permette de limiter à un seul bien immobilier louable en location touristique par personne. Ceci pour les personnes physiques dans un premier temps et, après étude, pour les personnes morales également.
Quant aux excursionnistes, nous n’entendons pas les favoriser en créant des structures ad hoc de stationnement en périphérie et en fournissant les cars qui vont faire les navettes avec les sites touristiques
En résumé : pour l’hôtellerie, moratoire, ce qu’on a est bien et suffisant.
Pour le résidentiel, il y a ce qu’il faut dans la vallée, on s’en contente et on n’en veut pas plus pour les excursionnistes, on va trouver des modalités de régulation via des modulations tarifaires.
Cas particulier de l’Ultra-Trail
E.D. : Au début, c’était acceptable mais cela a pris des proportions démesurées. Il s’agit d’une course de nature dans un milieu particulièrement vulnérable ; les dégâts sur le site sont considérables, il s’agit maintenant de vraies nuisances. Ne faudrait-il pas prendre des mesures de limitation plus strictes ?
E.F. : Je dirai que cet événement n’a pas que des mauvais côtés. Il procure un plaisir certain à beaucoup de monde et apporte un bénéfice économique non négligeable. Mais là encore, il faut réguler car il y a indiscutablement des nuisances directes pour la population de Chamonix Centre (sonorisation des arrivées, à contrôler par études d’impact, limiteur de décibels, horaires à respecter, etc…) et plus globalement interdiction de nouvelle courses et interdiction de dépasser le nombre actuel de coureurs. Enfin, trouver pour une ou plusieurs des courses trouver un lieu ou une commune d’arrivée différents du site actuel. Ces questions sont clairement en discussion avec l’organisateur UTMB. En outre, nous lui avons suggéré de s’inspirer des pratiques d’autres courses analogues pratiquées à d’autres moments de l’année avec notamment un fort pourcentage de dossards réservés aux coureurs qui arrivent en train.
Le tourisme - après s’être énormément développé - connaît une nouvelle évolution dans laquelle les mots régulation, quota, etc, ne sont plus tabous. Pouvoir continuer « à faire » nécessite de trouver des formes d’équilibre. Les «événements» sont souhaitables mais il faut qu’ils soient acceptables socialement et en matière d’environnement.
FISCALITE - Relèvement de la Taxe d’Habitation des résidences secondaires
E.D. : Le fléchage d’une ressource d’impôt local n’étant pas possible, vous vous étiez engagé à ce que le produit de cette surtaxe soit utilisé pour faciliter l’accès au logement des habitants permanents. Qu’en est-il ?
E.F. : Cet engagement va être… dépassé ! La surtaxe va rapporter grosso modo 2,5 M€. Compte tenu des programmes déjà engagés et des acquisitions en cours de négociation, on est prêt à engager jusqu’à 6M€ dans l’année pour ces opérations.
TRANSPORTS
E.D. : Le nouveau plan de transport mis en place pour 2023-2024 a connu quelques difficultés de rodage, comment avez-vous réglé ces difficultés ? Les habitants du haut de la vallée ne peuvent disposer d’un moyen de transport que moyennant une inscription avant 19h 30, comment cela va-t-il être amélioré ? Enfin, quid du schéma de mobilité non encore publié ?
E.F. : La politique « Transport » est absolument essentielle pour la vie dans la vallée. Le nouveau réseau « bus » a apporté 50% d’offres en plus. Les ajustements sont inévitables, ils sont encore à venir mais déjà nous constatons au niveau de l’Office de Tourisme une baisse sensible des plaintes sur l’inadéquation du réseau. On peut, on doit encore faire mieux.
Pour le haut de la vallée, il y aussi des aménagements à apporter mais il faut bien prendre en compte l’aspect financier ; c’est 3,5 M€ qui ont été affectés en plus pour les transports. Nous nous devons de réussir et chacun doit y mettre du sien. Les entreprises de plus de 11 salariés sont soumises à un versement « mobilité » ; quant aux particuliers leur contribution à la carte de transport a été ajustée (50 € par an soit 4,5 € par mois). Certains d’entre vous s’en plaignent, je les invite à regarder le niveau pratiqué par d’autres communes voisines, beaucoup beaucoup plus élevé. Et s’ils ont des problèmes financiers, nous avons aussi des services sociaux…
E.D. : Aux Îles, le parking mis en place récemment va être caduque avec la mise en place d’une zone d’activité économique. Qu’envisagez-vous ?
E.F. : Le parking va être encore opérant cet hiver. Ensuite, l’accueil des artisans dans de bonnes conditions est aussi indispensable. Ce parking qui fait 200 places n’a pas été spécialement bien accueilli par les professionnels ; il n’a jamais été utilisé au-delà de 100 places environ. Si notre système de transport collectif devient plus performant, notamment avec une desserte ferroviaire à la demi-heure y compris en hiver, le parking ne sera plus nécessaire.
E.D. : Mais il y a aussi le temps d’attente en gare de Chamonix…
E.F. : Là encore, il faut choisir. Nous avons demandé à la SNCF que la régulation se fasse en continu sur toute la ligne et pas seulement à Chamonix. Cela permettra de meilleures correspondances avec le Léman-Express au Fayet. Mais les usagers qui comptaient sur le temps de battement à Chamonix devront tenir compte des nouveaux horaires stricts.
E.D. : Et le train de nuit ?
E.F. : Nous avons une ferme volonté d’aboutir sur ce sujet mais les changements d’interlocuteur au plus haut niveau nuisent à l’efficacité du lobbying indispensable. Espérons qu’un prochain gouvernement stable nous permettra de concrétiser ce souhait. Mais en même temps la concurrence est rude entre les différentes destinations qui veulent retrouver leur train de nuit.
TRANSITION ÉNERGÉTIQUE
E.D. : Où en est l’élargissement du dispositif d’aide envers les résidents secondaires ?
E.F. : Cette question ressort effectivement de la communauté de commune, même si on peut s’appuyer sur un dispositif national. Les discussions ont commencé et personnellement je suis favorable à cet élargissement. Déjà, TOUS les résidents sont éligibles à l’exonération de 50% de la taxe foncière en cas de travaux de rénovation, mais avec des conditions restrictives strictes. Je cherche à faire lever ces restrictions, au moins en partie.
E.D. : Globalement, au niveau de la vallée, quelle est l’orientation visée par l’O.A.P . Energie-Climat ?
E.F. : Nous sommes excédentaires en hydroénergie dans la vallée mais déficitaires en production de chaleur. Les possibilités d’énergie renouvelable sont mobilisables mais pas infinies : en solaire, le toit de … est en cours d’équipement ; en géothermie, il y a quelques endroits qui s’y prêtent mais c’est loin d’être partout ! Un réseau de chaleur est à l’étude mais les délais administratifs sont extrêmement longs … En outre, cela se ferait avec les eaux de ruissellement du Tunnel qui sortent à 16°, ce qui nécessite de les réchauffer ; d’où une discussion sur le mode de réchauffage, en principe par bio-masse qui, pour être bien contrôlé, suppose une utilisation pour des centrales importantes et pas des usages individuels.
E.D. : L’usage du bois est délicat : il n’y a pas que l’équipement qui joue, il faut savoir utiliser le bon bois, une bonne allure de chauffe, etc…
E.F. : Effectivement. C’est pourquoi le réseau de chaleur est une bonne solution pour 30% de la population chamoniarde, mais c’est un coût important qui nécessite de bien prévoir le modèle économique avec un investissement de l’ordre de 20 M€. Et la localisation de la chaufferie centrale, un vrai bâtiment industriel, sera source de discussions âpres !
En secteur diffus, il faudra donc diversifier les énergies ; nous avançons sur l’unité de méthanisation qui sera installée aux Houches et si la production restera limitée elle couvrira quand même la consommation des bus. Des projets en petite hydraulique viendront s’ajouter.
RÉVISION DU P.L.U.
E.D. : Vous allez nous en rappeler le calendrier mais n’aurait-il pas été plus judicieux de commencer par l’approbation du S.C.O.T. ?
E.F. : Vous avez tout à fait raison … théoriquement. Mais cette révision du P.L.U. dure depuis très longtemps et il devient maintenant indispensable d’intégrer un certain nombre d’orientations et de décisions qui ont déjà été prises. Un P.L.U. mis à jour est capital pour que ces orientations puissent être appliquées dès maintenant. La proposition finale va être disponible en fin de cette année et publiée pour concertation en début 2025. Les modalités de consultation seront arrêtées pour que le plus grand nombre de résidents puissent l’étudier et donner leur avis. L’ARVAC sera consulté es-qualités, compte tenu de son agrément « urbanisme ». L’esprit du P.L.U. traduit une mutation profonde avec la mise en conformité intégrant les nouveaux textes nationaux comme le Z.A.N. et avec la limitation des droits à construire dans des proportions très importantes.
Il va falloir concilier une meilleure utilisation de notre sol (c'est-à-dire en consommer moins) et faire face à une pression foncière et immobilière considérable qui, compte tenu de la réduction du stock, va voir la valeur unitaire de celui-ci augmenter ! Et en même temps on veut garder les équilibres avec la population permanente … c’est un peu une course d’arêtes et il ne nous faut tomber ni d’un côté ni de l’autre !
Il y aura bien sûr avec le P.A.D.D. une note de présentation qui fournira les chiffres qui ont servi à déterminer le nouveau P.L.U. Par ailleurs, l’effort sur le logement permanent doit être pérenne, et, sans tomber dans le régime coercitif suisse, nous cherchons à éviter les mouvements spéculatifs assez fréquents et allons proposer de « sédimenter » les résidences permanentes sur 20 ans, grâce à des outils juridiques spécifiques, assortis de garanties.
PRISE EN COMPTE DES RISQUES NATURELS
E.D. : La vallée de Chamonix est en risques maximum comme la Vanoise. Vous avez parlé d’études « Prévirisques » qui ne sont pas encore terminées. Est-il alors judicieux d’ouvrir de nouveaux terrains à la construction tant qu’on n’a pas ces résultats qui selon toute probabilité vont montrer l’aggravation rapide de tous ces risques ?
E.F. : Non, nous n’ouvrons pas de nouveaux secteurs, ils sont déjà prévus dans le précédent P.L.U. et, au contraire, nous les réduisons de moitié. Mais, bien évidemment, nous ne pouvons pas tout supprimer et publier un nouveau P.L.U. avec zéro m² constructible. Mais nous restons très sensibles aux risques anciens et nouveaux, périglaciaires notamment, et nous sommes prêts à reconsidérer des constructibilités si besoin avéré. Je vous confirme ma disponibilité pour une séance de travail spécifique avec vous pour étudier chaque cas particulier.
QUESTIONS PONCTUELLES
E.D. : Il y a encore d’autres questions mais l’heure nous oblige à nous arrêter là ; je compte sur vous pour nous faire passer vos réponses ultérieurement par l’intermédiaire de vos services au sujet de :
- La prise en compte de la trame verte-et-bleue, et suppression des « dents creuses ».
- L’activité agricole en fond de vallée.
- Les problèmes de voirie aux Praz, aux Drus, aux Ilettes, aux Moussoux… où de nombreuses chaussées sont dégradées !
- La disparition de commerces à Argentière (carburants, journaux…)
- La lutte contre la renouée du Japon.
Rendez-vous est pris pour l’an prochain.
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